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Edito

Le Nageur, fou d'Aubagne:

« Tant qu’il y a de l’Espoir, il y a de la Vie… »

Laurent Demola, je le connais depuis six ans. Je l’ai rencontré en juin 2013 sur la plage de la Grande Mer, à Cassis, alors qu’il rentrait d’un entraînement. Il se préparait, me dit-il alors, pour un raid à la nage Ajaccio-Cassis ! Ajaccio-Cassis ? Rien que ça ! Alors qui est Laurent Demola ? Un type pas comme les autres, assurément. Grand sportif et président de l’association Un jour la Vie : son cœur gros comme ça, son énorme empathie sont les moteurs de ses combats pour aider ceux qui souffrent.

À l’époque de notre rencontre, alors atteint d’une cirrhose chronique post hépatite, il s’investissait déjà pour que les enfants qui luttent contre le cancer à l’Hôpital des Enfants de la Timone ou ceux atteints de maladies orphelines soient soignés dans des conditionsplus confortables, pour aider aussi leurs familles à vivre ces situations douloureuses. Sous les couleurs de son association, il multiplie les défis : la Nuit de l’eau, la traversée de la Baie des Sables en Vendée, le défi de Monte-Cristo à Marseille, la traversée à la nage en 2011 des Bouches de Bonifacio en binôme avec Thierry Corbalan, amputé des deux bras.

En août 2013, ce fut la folle aventure de la traversée à la nage Ajaccio-Cassis, un raid accompli en quatre jours, en relais avec quatre amis : Nicolas Esteban, Nicolas Costa et Miria Rossi.
En 2015-2016, la cirrhose de Laurent évolue en cancer. Gravissime. Mais il ne désespère pas, subit des traitements lourds, pratique le sport intensément pour maintenir son corps et son mental en condition dans l’attente de la greffe de foie salvatrice. Celle-ci arrive le 4 juin 2016. Si je suis encore en vie, c’est grâce à l’acte d’amour d’une famille qui m’a donné le foie d’un des siens, je ne la remercierai jamais assez. Et il s’est reconstruit par le sport, physiquement et moralement, pour vivre sa deuxième vie, sans cesser de promouvoir auprès du public l’importance du sport, pour se prémunir du cancer ou s’en guérir. Au point de se lancer un nouveau défi, tenter l’ascension du Mont-Blanc à l’été 2017, une ascension interrompue à 3204m par une météo épouvantable.

Je ne suis pas arrivé au mythique sommet, mais cette aventure restera pour moi un point d’ancrage à la résilience. Aujourd’hui, Laurent se fixe un autre challenge. Logique : depuis ma greffe, chaque nouvelle année est une année de vie en plus. Je voudrais rendre hommage à mon donneur, dire à sa famille que je prends soin de son organe, que je le fais vivre grâce à mes défis sportifs tout en pensant à leur tristesse d’avoir perdu un être cher. Je veux être un ambassadeur des greffés en leur permettant d’adresser sous le couvert de l’anonymat et via France ADOT, des lettres aux familles des donneurs. Un ambassadeur aussi du don d’organes auprès du public, parler de la chaîne du don, depuis le décès du donneur jusqu’à la greffe, de l’extraordinaire dévouement des équipes médicales coordonnées par l’Agence de Biomédecine, dire qu’à Marseille comme dans toute la France, on manque de dons et qu’un don peut sauver huit vies. Ajoutons que Laurent est concerné à un autre titre, douloureux, par le don: six mois après la greffe, son neveu Cyril, qui avait fait le choix du don, est tué en pleine jeunesse dans un accident de la route. Cyril, tu as choisi de donner tes organes, pour donner la vie, tu es un héros. Chacun d’entre nous doit décider ou non de se porter volontaire au don. Il faut trouver la clé qui rendra ce choix évident !

À nouveau défi, nouveau combat: ce grand sportif ambitionne de rééditer la traversée à la nage des Bouches de Bonifacio: au départ de Santa-Teresa, à la pointe nord de la Sardaigne, il devra rallier la plage corse de Piantarella, un raid de 9 milles nautiques (17 km) : J’aimerai être accompagné d’un autre greffé ou d’un malade en attente de greffe. Je suis en train de constituer le dossier, de demander les autorisations et de rechercher des partenaires. Tout devrait être prêt pour la mi-septembre, assure-t-il.

Claude Rivière
Correspondant de presse
Le 28 janvier 2019  

Lutter contre le cancer Il n'y a que deux façons :

Aimer et continuer à sourire quoi qu'il advienne.

 

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